Où en est le recyclage des panneaux solaires en France ?

Si 43% des Français pensent que les panneaux solaires ne se recyclent pas en France, selon une nouvelle enquête, les panneaux solaires sont désormais bien recyclables à plus de 90%. On fait le point.

En France, le photovoltaïque a le vent en poupe. En 2023, 31% des Français envisagent l’installation d’un panneau solaire. C’est 11% de plus que l’année dernière. Il subsiste tout de même un frein à cette bonne résolution, celui de la fin de vie des panneaux solaires. En effet, 43% des sondés pensent encore que les panneaux solaires ne se recyclent pas en France. Voici le résultat d’une enquête de Soren, l’éco-organisme supervisant le traitement des panneaux solaires usagés. Selon cette même étude, réalisée en mars 2023, un tiers des Français souhaitant s’équiper de panneaux solaires ont été freinés dans leur décision, car ils pensaient que les panneaux solaires ne pouvaient pas se recycler.

Des panneaux solaires recyclables à plus de 90%

Si les premiers panneaux solaires étaient en effet peu recyclables, cela n’est plus le cas. Toutefois, cette idée reçue persiste dans l’imaginaire collectif. Pourtant dès 2014, les panneaux solaires sont entrés sous la directive européenne dite « DEEE » [Déchets d‘Équipements Électriques et Électroniques, NDLR]. Cette directive a pour objectif d’assurer le traitement et le recyclage de ces déchets, sous la responsabilité du constructeur. En clair, les panneaux solaires doivent depuis être recyclables. En France, c’est l’éco-organisme Soren qui gère la fin de vie de ces panneaux.

Lire aussi : Panneaux solaires : la réindustrialisation de leur production en Europe se dessine

Aujourd’hui, les panneaux photovoltaïques se composent, en moyenne, à plus de 94% de matériaux recyclables, selon Engie. En effet, les panneaux solaires sont majoritairement constitués de verre, d’aluminium, de plastique, de cuivre, d’argent et de silicium. “Nous savons les recycler.” rappelait l’Académie des technologies, à propos de ces matériaux, lors de la présentation de son avis “pour le développement de productions industrielles de panneaux photovoltaïques en France et en Europe”. En pratique, d’après les chiffres de Soren, le taux de recyclage se situe entre 90 % et 94 % du poids d’un panneau. Ces résultats varient selon les procédés de traitement utilisés lors du recyclage des panneaux.

Une filière française du solaire en expansion

La filière du recyclage du photovoltaïque existe bien en France. Soren compte treize centres de regroupement en France, dont huit en métropole. Les panneaux se dirigent ensuite vers l’un des plus de six sites de traitement partenaire de Soren. Nicolas Defrenne, directeur général de Soren, précise : “En France, nous travaillons avec trois centres de traitement de premier rang, c’est-à-dire qui récupèrent les panneaux complets, par exemple Gallo à côté de Lille, Envie 2E Aquitaine, à côté de Bordeaux, et aussi Envie 2E Occitanie, à côté de Toulouse”.

En 2021, Soren a collecté 3.395 tonnes de panneaux solaires en France, les sites de recyclage en ont traité 4.332 tonnes. Au final, 3.703 tonnes ont été recyclées, 231 tonnes ont été revalorisées, le reste a été mis en décharge ou incinéré. Selon Nicolas Defrenne, Soren arrive à collecter et traiter 60% des panneaux solaires arrivant en fin de vie dans le pays. Malgré les efforts de l’organisme, une partie des panneaux en fin de vie est rachetée à bas prix, puis exportée à l’étranger. Ce problème touche de nombreuses filières en France, celle du photovoltaïque n’y fait pas exception.

“Pour 2023, nos projections sont d’aller chercher aux alentours de 7.000 à 8.000 tonnes, nous sommes donc sur des augmentations conséquentes” explique Nicolas Defrenne. En 2040, Soren s’attend à traiter près de 150.000 tonnes de panneaux arrivés en fin de vie. Ainsi, si la filière française est déjà installée, elle aura encore besoin de se développer pour tenir la cadence. Selon le directeur général, les capacités de traitements françaises sont suffisantes pour les deux à trois années à venir. À la fin de cette période, Soren lancera un nouveau cycle d’appel d’offres afin de développer de nouvelles capacités de recyclag

Un recyclage “à haute valeur ajoutée”

La directive européenne “DEEE” fixe les objectifs de recyclage en fonction du poids total des panneaux solaires. Depuis 2018, au minimum 85% de la masse des panneaux collectés doit être valorisée. Et 80% doit être préparée en vue du réemploi et du recyclage.

Pour Nicolas Defrenne, il faut également penser à la valeur des matériaux recyclés. Par exemple, l’argent et le silicium ne représentent respectivement que 0,8% et 2,8% du poids d’un panneau solaire. Pourtant, à eux deux, ils représentent près de 60% de sa valeur. Ces deux métaux sont des matériaux critiques pour la transition énergétique et leur recyclage devrait donc devenir prioritaire.

“Je dis souvent que le recyclage ne doit pas être vu comme un mode de traitement de déchets mais plus comme un mode de production de matières premières” explique le directeur général de Soren. L’éco-organisme cherche le développement d’une économie circulaire et pour cela, la récupération de ces matériaux critiques est essentielle. Il appelle à une évolution de la réglementation pour refléter la nécessité de cette revalorisation. Selon Nicolas Defrenne, cette prise de conscience commence à s’opérer au niveau des pouvoirs publics. Il estime que “le sens de l’histoire”, appelle à ajouter à cet objectif de masse des objectifs spécifiques par types de matériaux. 

En fait, comment recycler un panneau solaire?

D’après les chiffres de plusieurs fournisseurs d’énergies, les panneaux photovoltaïques auraient une durée de vie moyenne approchant les 30 ans. Mais une fois cette période dépassée, lorsque les panneaux commencent à perdre en rendement, ou après un sinistre, ils sont envoyés vers l’un des sites de traitements présents en France. Il existe alors deux méthodes de recyclage.

La première méthode est celle du broyage. La partie du panneau contenant les cellules photovoltaïques et la plaque de verre, qualifiée de « laminé » est d’abord détachée du cadre, des câbles et du boîtier. Elle est ensuite broyée, puis les différents matériaux sont triés.

La seconde méthode est celle du laminage par lame chaude. Ici, une fois le laminé isolé, la plaque de verre est séparée des cellules photovoltaïques par une lame chauffée à 300°C. Un traitement à haute température permet alors d’isoler les différents métaux composant les cellules. Les différents matériaux peuvent ensuite être recyclés.

Pour Nicolas Defrenne, ces deux méthodes sont complémentaires. Le broyage est une valeur sûre, capable de traiter un grand volume de panneaux et ce peu importe leur état. La délamination est plus intéressante en termes de valorisation de la matière. Cependant, il est compliqué de délaminer des panneaux cassés. Ces derniers représentent tout de même entre 25 et 30% des panneaux récupérés, selon l’éco-organisme.